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Alphonse Maria Mucha (1860-1939) 

1894 /

 siècle le dix-neuvième

Tissu

Le mouvement artistique Art nouveau a donné naissance à l'affiche et au graphisme publicitaire. Toujours vivante et en mouvement, l'ornementation apparaît équilibrée. Avec l'essor industriel du XXe siècle et la croissance de la consommation, l'art de l'affiche s'est révélé un puissant moyen de publicité et de propagande. Tirant parti des éléments efficaces des styles Art nouveau et Art déco, les créateurs d'affiches des décennies suivantes ont donné à leurs œuvres un style unique et une grande diversité.

L'affiche Art nouveau était complexe, maniérée et sophistiquée, réalisée avec une grande richesse de moyens graphiques et coloristiques. Son impact visuel était considérable, et ce phénomène prit de l'ampleur à la fin du XIXe siècle et au début du suivant. Après l'invention de la lithographie polychrome, en 1879, des affiches de qualité commencèrent à être reproduites en grandes séries. Ces innovations technologiques favorisèrent une collaboration étroite entre imprimeurs et artistes, contribuant à un véritable essor de l'art de l'affiche entre 1870 et 1939.

L'affiche s'inspire des dessins japonais et, plus particulièrement, des peintures des Nabis, offrant aux auteurs du genre des solutions particulièrement audacieuses. Le graphiste français Jean Carlu considérait l'affiche comme « l'expression graphique d'une idée ».
Qu'elle soit commerciale ou culturelle, l'affiche publicitaire est omniprésente dans la vie de l'homme contemporain. À sa création, elle était conçue comme un outil de communication destiné à vendre un produit ou une idée.

La Belle Époque est marquée par un véritable engouement pour l'affiche, une explosion des expositions d'affiches et la prolifération des boutiques et des marchands d'affiches pour satisfaire l'engouement du public pour cet art. En France, le culte des cafés devient omniprésent et de nombreux artistes, d'orientations et de tempéraments divers, deviennent affichistes. Des artistes comme Eugène Grasset, Théophile Steinlen, Paul Berthon, mais surtout Alphonse M. Mucha, donnent ses lettres de noblesse à l'art de l'affiche.

L'artiste français d'origine tchèque Alphonse Maria Mucha (1860-1939) fut l'une des grandes figures du mouvement Art nouveau, créateur d'une œuvre originale et diversifiée. Il aborda plusieurs genres artistiques, excellant dans le graphisme et créant certaines des affiches les plus célèbres de son temps. Il étudia à l'Académie royale de Munich et, à partir de 1888, commença à suivre les cours de l'Académie Julian à Paris.

Durant ses études, il subvenait à ses besoins en travaillant comme illustrateur de livres. Il participa à de nombreuses expositions et reçut la médaille d'argent à l'Exposition universelle de 1900 à Paris pour le mobilier du pavillon de la Bosnie-Herzégovine. En 1901, il fut décoré de la Légion d'honneur et, en 1902, il publia « Documents décoratifs », un ouvrage modèle de ses ornements, contenant des suggestions d'application pratique.

Son œuvre allie le style de l'art byzantin et les caractéristiques de l'Art de 1900, à travers une palette chromatique diaphane et des symboles pertinents, laissant une empreinte personnelle, reprise plus tard par d'autres artistes européens. Les jeunes femmes aux expressions rêveuses, drapées de vêtements vaporeux, sont sa marque de fabrique. Mucha crée le prototype féminin de la Belle Époque qui domine tout Paris. À travers son œuvre, cet idéal dépasse les frontières françaises et s'impose dans le monde entier.

Ancien élève du peintre et sculpteur français Jean-Paul Laurens (1838-1921), il se lance, par hasard, dans l'art de l'affiche et connaît un succès immédiat. Le style de Mucha rappelle l'Art nouveau viennois. Il se caractérise par une ornementation de fleurs artificielles et une élégance universelle des représentations, associées à un traitement symétrique des surfaces et des lignes, et à une dépendance aux effets de couleur.

L'affiche réalisée pour l'actrice française Sarah Bernhardt en 1894, intitulée Gismonda, compte parmi les œuvres les plus célèbres. Le caractère dramatique de cette affiche pour la pièce de Victorien Sardou fit sensation et incita l'actrice à proposer un contrat d'exclusivité à l'auteur. Nombreux sont les spectateurs qui auront souvent l'occasion d'apercevoir le Divin, surnommé « la voix d'or du théâtre français », représenté sur des affiches gigantesques, placardées sur les façades des bâtiments dans un style floral byzantin inconnu jusqu'alors. Mucha assuma non seulement la responsabilité des affiches de l'artiste, mais aussi de ses décors et costumes de théâtre. Dès lors, il fut assailli de commandes graphiques : affiches publicitaires, calendriers, illustrations de livres, titres de magazines et panneaux décoratifs.

La renommée d'Alphonse Mucha incita la future souveraine de Roumanie, la princesse Maria, à acquérir certaines de ses œuvres les plus représentatives, comme les quatre panneaux des Saisons, d'autres des Moments du jour et l'imposante affiche du spectacle Gismonda, exposée au château de Peleșor. Sarah Bernhardt était l'une des actrices préférées de la jeune princesse héritière, que Maria imitait souvent dans sa tenue et son allure. Elle fut invitée à plusieurs reprises par la reine Élisabeth à des événements musicaux et littéraires organisés au château de Peleș.

L'affiche représente l'actrice Sarah Bernhardt, en costume impérial byzantin, dans le rôle de Gismonda, œuvre dramatique signée Victorien Sardou. Elle porte un riche et ample manteau et une couronne d'iris sur la tête. Elle tient une palme dans sa main droite, la gauche portée contre sa poitrine. À l'arrière-plan, au-dessus de sa tête, le nom de l'actrice est inscrit en arc de cercle. La partie inférieure présente un personnage grotesque appuyé sur un ruban portant le nom du théâtre.

La pièce « Gismonda » a été créée le 4 janvier 1895 au Théâtre de la Renaissance à Paris.

Par sa technique de dessin impeccable, sa science de la composition et l'utilisation des tons de couleurs, Alphonse Mucha reste le représentant le plus important de l'Art Nouveau dans le graphisme européen.

Izabela Torok
, conservateur

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