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Cueillette de fruits

François Boucher 

 siècle le dix-huitième

La tapisserie est définie comme un tissu en laine, en laine avec soie, en soie avec fils d'or ou d'argent, à décor polychrome, réalisé sur un métier à tisser vertical (haute-lisse) ou horizontal (basse-lisse). Les motifs décoratifs sont constitués des fils de trame qui recouvrent entièrement les fils de chaîne par leur croisement. La surface de la tapisserie n'est pas lisse : chaque fil de chaîne produit, dans l'étroite profondeur qui le sépare du fil voisin, une ombre grise (strie), créant ainsi une valeur de couleur. L'artisan tapissier reproduit en tissu le carton réalisé par le peintre, mais dispose d'une grande liberté dans le traitement du dessin et dans les nuances de couleurs (de 6 à 20 tons, au XIXe siècle il atteignait environ 15 000). La technique de travail est améliorée par l'utilisation du métier à tisser inclinable au lieu du métier fixe - une innovation du Français Jacques de Vaucanson (1709-1782). Un ouvrier peut tisser en moyenne 4 à 5 cm² de tapisserie par jour et se spécialise dans l'exécution soit de figures, d'oiseaux, de paysages, etc. Selon le thème représenté, les tapisseries sont divisées en : tapisseries héraldiques, historiques et tapisseries représentant des paysages (verdure et orangerie).

La manufacture française de tapisseries Aubusson a commencé son activité au début du XVIe siècle, parmi ses fidèles clientes se trouvait Marguerite de Valois (la reine Margot), première épouse du roi Henri IV de France. En 1665, sur l'insistance de Jean Baptiste Colbert (ministre des finances), le roi Louis XIV lui accorde le statut de Manufacture royale. L'atelier prospérera également sous le règne du roi Louis XV, produisant principalement des « vertes », mais aussi des compositions d'après les cartons des peintres Jean-Baptiste Oudrey, Nicolas Lancret et François Boucher, d'après les scènes pastorales de Jean-Baptiste Huet, ou des copies d'après les tapisseries de Beauvais et des Gobelins.

La manufacture d'Aubusson contribua également à la fondation d'autres ateliers de tapisserie, comme ceux de Limoges, patronnés par l'évêque François de Lafayette, et de Berlin, fondés à l'initiative de l'électeur de Brandebourg. Les commandes de meubles ou de rideaux passées par la nouvelle bourgeoisie sont nombreuses. La grande innovation de la première moitié du XVIIIe siècle fut celle des tapisseries « alentour » (« à bordure décorative »).

La Révolution française marquera le début de la période de déclin de l'industrie manufacturière, dont la reprise ne se fera sentir qu'au début du XXe siècle. Des artistes de renom ont transposé leurs cartons dans les ateliers d'Aubusson, comme Jean Lurçat, Marcel Gromaire, Fernand Léger, Émile Gilioli et Jacques Lagrange.

L'architecte français Le Corbusier pensait que « la tapisserie ne devrait jamais servir de revêtement à une commode ou à un buffet, ni en termes de taille ni en termes de placement ». Ce n’est pas un grand ou un petit tableau. La tapisserie doit s'offrir à l'œil en proportion de la nature humaine. C'est-à-dire qu'elle doit être appréciée comme plus qu'une œuvre d'art, elle doit être une véritable joie pour le goût et l'esprit du spectateur.

L'objet du mois d'août fait partie de la précieuse suite de tapisseries « Cueillette de fruits/Jeux d'enfants ». L'ensemble de sept œuvres de la collection du roi Carol Ier a été exécuté vers les années 1750, dans les ateliers d'Aubusson, d'après les cartons du peintre français François Boucher.

Le peintre François Boucher (1703-1770), représentant du style rococo, connut une ascension professionnelle étonnante. Issu d'un milieu social modeste, l'artiste réussit à faire une carrière extraordinaire : il travailla pour le roi Louis XV, pour la marquise de Pompadour, pour les manufactures royales, pour les cours royales d'autres pays, pour des collectionneurs privés, et exposa au Salon de Paris, où ses tableaux furent accueillis avec beaucoup d'enthousiasme par le public et les critiques de l'époque. On suppose qu'il a reçu ses premières leçons de dessin de son père.

Le 28 août 1723, l'artiste, âgé de vingt ans seulement, remporte le premier prix de l'Académie de peinture et de sculpture de Rome. À 28 ans, il entre définitivement dans l'élite artistique en étant accepté à la Royal Academy of Art.

Au début de l'année 1731, il se consacre à la gravure et au dessin, deux passions auxquelles il restera fidèle toute sa vie. Mais surtout, Boucher peint. En 1732, à la demande de l'avocat Derbais, il réalise plusieurs compositions de grand format, dont son premier tableau daté – Vénus et Vulcain. Ces toiles, exposées au domicile de l'acheteur, apportèrent à l'artiste une belle réputation. Dans les années 1930, il peint principalement des thèmes mythologiques, de chasse, des paysages et des scènes de genre idylliques, tandis qu'en même temps, il conçoit des tapisseries, des décors de théâtre et des médaillons avec des scènes rurales ou idylliques peintes sur des figurines en porcelaine.

Le 30 janvier 1734, il présente au jury le tableau Renaud et Armide et est admis à l'Académie comme peintre de scènes historiques, considéré à l'époque comme le plus noble des genres picturaux. Dans les années à venir, il va progressivement gravir les échelons de la hiérarchie de cette institution. Il deviendra tour à tour professeur, vice-recteur, recteur et enfin, à 62 ans, directeur de l'Académie et premier peintre de la Cour royale.

À l'instigation du peintre Jean-Baptiste Oudry, François Boucher peindra plusieurs projets de tapisserie. Entre 1735 et 1745, dans les ateliers de Beauvais, trois cycles seront créés d'après les dessins de l'artiste : l'un intitulé Jeux italiens, le deuxième est basé sur des modèles chinois, et le troisième s'inspire de l'histoire de Psyché.

Il expose en permanence ses œuvres au Salon annuel des peintres du Salon de Paris et restera fidèle à ce rendez-vous artistique tout au long de sa vie, présentant toujours de nouvelles œuvres. Il est également le premier peintre qui, en plus des peintures, présente également ses dessins et gravures au Salon, un fait qui contribuera à accroître le prestige de ces genres artistiques.

La tapisserie du cycle « Cueillette de fruits », réalisée en laine, selon la technique basse-lisse, fait partie, avec les autres pièces, de la décoration murale de la salle d'honneur du château de Peleș. La composition présente une scène allégorique avec sept enfants nus (putti), cueillant des raisins sur des arbres liés par une arche de vigne, certains d'entre eux tenant des paniers dans leurs mains. Trois des enfants grimpent à l'arbre, et un autre porte un panier rempli de raisins sur sa tête.

Les thèmes mythologiques sont principalement abordés aussi bien dans la peinture que dans la réalisation de tapisseries, l'une d'entre elles étant celle dédiée à Dionysos. Dans la mythologie grecque, Dionysos est le dieu du vin et de la vigne, également appelé Bacchus par les Romains. Elle est l'une des divinités les plus importantes connues et dont le culte a fait l'objet de nombreuses épopées littéraires et artistiques. Tous participent aux fêtes organisées en son honneur, appelées Dionysies, et sont célébrées avec des chants et des danses, accompagnées d'un cortège composé de bacchantes, de silènes, de satyres, etc.

Les Vendanges est un "hymne" dédié au vin, à la beauté et à l'amour, ces putti, qui jouent avec désinvolture, débordants de vie, invitent à l'optimisme et à la joie. La scène est animée par la coloration aux multiples nuances de vert, le mouvement des corps des personnages et le thème généreux de l'œuvre. L'ensemble de la scène est encadré par une large bordure décorative ("alentours"), représentant une guirlande florale et végétale, ainsi que le motif du grand ruban, dans des chromatismes verts, jaunes et marron.

Izabela Torok
, conservateur

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